Personnage exceptionnel, le comte de Saint Germain s’inscrit dans l’histoire car il symbolise le plus vieux rêve de l’homme : l’immortalité.
Entourée de mystères, cette légende est probablement née entre 1690 et 1710. Son train de vie aisé, son éducation et sa riche culture suggèrent une naissance issue de quelques personnalités royales. C’est en 1745, que le comte Saint Germain est mentionné pour la première fois. Habitant en Angleterre, il est porteur de lettres favorables aux Stuarts qui lui valent une assignation à résidence pendant quelques semaines. Lors son interrogatoire, cet « homme singulier » n’avouera que deux choses : vivre sous un faux nom et ne vouloir aucun commerce avec les femmes.
En 1746, il quitte Londres pour réapparaitre à Paris en 1758. Personne ne parvient à déterminer ce qu’il a pu faire pendant ces douze ans. A son arrivée, il demande à Marigny, le directeur des Bâtiments du roi, de lui attribuer un endroit pour « la plus riche et la plus rare découverte qu’on ait faite ». Louis XV accède à sa requête en lui attribuant le château de Chambord, alors déserté. Mais dès lors, le comte de Saint Germain ne passe plus beaucoup de temps au laboratoire. Introduit par la Marquise de Pompadour, il devient l’un des familiers du roi, qui apprécie immédiatement ce brillant personnage.
Trois faits marquants associent le comte de Saint Germain à des connaissances alchimiques et à la notion d’immortalité. Le premier est une anecdote avec le roi Louis XV qui lui aurait confié un diamant tâché que le comte lui aurait rapporté quelques jours plus tard totalement pur. Le second fait intervient lors d’un dîner avec la vieille comtesse de Cergy qui reconnait en cet homme, un personnage qu’elle a vu à Venise cinquante ans auparavant. Agé d’une cinquantaine d’années au moment de ce dîner, l’association parait absurde mais le comte de Saint Germain, amusé, ne dément rien et répond : « Ce n’est pas impossible, madame, je suis peut-être plus vieux qu’il n’y paraît ». Enfin, le dernier fait a largement contribué à l’aura mystérieuse attribuée au Comte et à son immortalité. S’étant aliéné le duc de Choiseul, ce dernier missionna le comédien Gauve pour parcourir les salons de Paris sous l’identité du comte et y raconter les histoires les plus invraisemblables : ses entrevues avec le Christ ou encore avec Jules César sont parmi les plus célèbres. Malgré la rapide révélation de la supercherie, les histoires se propagent et ne discrédite pas le comte.
Le duc de Choiseul attendra 1760 pour le voir tombé en disgrâce pour espionnage. Réfugié dans divers pays, il finira par mourir en 1784 à Gottrop sur la Baltique. Mais lorsque la nouvelle de sa mort se propage, certains refusent de l’admettre et la fouille pratiquée dans son tombeau le révèle vide…
Cet homme, tout de noir vêtu, très érudit, avec un don certain pour les langues, a cultivé le mystère tout au long de sa vie et par delà sa mort. De ces contemporains s’élèvent quelques citations poignantes : « c’est un homme qui ne meurt point, et qui sait tout » (Voltaire) ; Frédéric II, roi de Prusse l’appelait « l’homme qui ne peut pas mourir » ; etc…
Le mystère reste entier sur ce personnage alchimiste immortel totalement fantasque : peut-être que la légende vit encore…
Patricia I.