Edward Alexander Crowley, « Aleister Crowley »

Kurt Seligmann, auteur du Miroir de la Magie, dira d’Edward Crowley que « Cet homme est sans doute le plus grand, et le plus inquiétant, peut-être le seul magicien du XXème siècle occidental ».

Né le 12 octobre 1875 à Leamington, Edward Alexander Crowler, depuis ses premières heures, voit son destin scellé à la Magie. Né à 60 kilomètres de la ville natale d’Edward Kelly, l’assistant du célèbre mage John Dee, ce signe est pour lui, la preuve qu’il est la réincarnation de l’assistant et qu’il doit continuer les travaux des deux mages.

Mais le père et la mère d’Edward Crowley appartiennent aux Darbystes, appelés également « les Frères de Plymouth » : ces derniers croyaient à la vérité littérale et absolue de la Bible en tant que message délivré par le Saint-Esprit. Eduqué dans cette atmosphère austère et rigoriste, Crowley multiplie les bravades et la légende familiale affirme que sa mère le surnommait « The Beast » (la bête) par allusion à l’Apocalypse – tant son caractère indomptable et indépendant l’excédait. A la mort de son père, les chaînes se desserrent et la bête se réveille peu à peu. Sous la tutelle de son oncle, il achève de brillantes études mais à la mort de sa mère, riche héritier, il peut enfin s’adonner à ses passions.

Coutumier au travail d’écriture, qu’il voyait comme un exutoire pendant ses jeunes années, il publie son premier recueil de poèmes « Alceldama » sous son nouveau nom de Aleister. Il mène ensuite une vie de dandy lettré, séducteur élégant dépravé désignant ses femmes sous le nom d’ « écarlates » (scarler women) en référence à la « putain de Babylone » de l’Apocalypse. Il voyage beaucoup pour développer son goût de l’occulte. Passionné par l’alpinisme, c’est au hasard d’une ascension, qu’il rencontre Julian C. Baker, un compatriote bien connu dans le milieu occultiste : il le conduit, en 1888, aux secrets de The order of the Golden Dawn of the Outer (l’Ordre de l’Aube d’Or à l’Extérieur). Rencontré dans ce cadre, Allan Bennett, toxicomane, initie Aleister à l’occultisme, aux pratiques bouddhistes et aux drogues (stupéfiants et opium) qui, selon lui, facilitent la relation psychique et le développement de l’esprit. Crowley se passionne pour les traditions ésotériques aussi bien occidentales qu’orientales : il sera l’un des premiers occidentaux à recevoir un enseignement complet du yoga.

C’est au retour de son voyage de noce avec sa première femme écarlate, Rose Kelly, qu’il écrit « Le livre de la Loi » en 1904, « dicté » par des Supérieurs et qui constituera la base de son système philosophique et religieux : « La loi de Thelema ». En 1905, il fonde l’Argentinum Astrum (l’AA), né d’une scission au sein de la Golden Dawn entre le clan aux tendances chrétiennes et gaëliques et le clan d’Aleister aux tendances païennes et magico-sexuelles.

Malgré sa vie dissolue et provocatrice, il demeure le théoricien et le chantre d’une magie nouvelle, à la fois blanche et noire, le Magick qui doit, selon lui, libérer l’homme en canalisant sa volonté véritable (true will = thelema).

Vers la fin de la grande guerre, il s’installe avec sa femme écarlate du moment à Cefalu en Sicile où ils fondent l’Abbaye de Thélème, une université occulte où les deux amants et leurs amis s’adonnent à leurs fantasmes.

Le 26 janvier 1930, Stella donne naissance à « Amado » Andrew Standish : ce n’est pas le premier fils naturel d’Aleister mais la légende prétend que c’est celui-ci qu’il voulut vraiment en choisissant avec minutie la mère, l’heure et le lieu de sa conception. Il l’initiera personnellement durant sept années.

Son savoir faire est tel qu’une légende perdure au sujet de son intervention pendant la seconde guerre mondiale. En effet, en 1940, il aurait célébré une cérémonie magique pour déstabiliser les croyances d’Adolf Hitler. Peu de temps après cette séance, Rudolf Hess est interné en Angleterre. Hitler décide alors de renoncer à ses croyances et réprime sa faculté à prévoir certaines choses le conduisant à la défaite. L’étrangeté de l’anecdote est qu’encore aujourd’hui, personne ne peut expliquer la défection du dauphin d’Hitler…

Le 1er décembre 1947, la bête affaiblie et malade meurt à Hastings.

Patricia I.

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